Les scientifiques vont exploiter le potentiel des sous-produits alimentaires pour fabriquer des médicaments antimicrobiens à partir de bactéries.
Dans le cadre d'un effort de collaboration dirigé par l'Université de Strathclyde, mené en partenariat avec l'Université de Surrey et GSK, cette recherche pionnière vise à révolutionner la production d'antimicrobiens, en la rendant plus rentable et durable tout en relevant le défi mondial de la résistance aux antimicrobiens.
Le projet, financé par une subvention de près de 1,1 million de livres sterling du UKRI Technology Missions Fund, soutenu par le Conseil de recherche en biotechnologie et en sciences biologiques (BBSRC), vise à transformer la production de médicaments antimicrobiens en un processus à moins forte intensité de carbone.
En utilisant des sous-produits alimentaires, généralement jetés, les chercheurs visent à créer une approche de biofabrication plus respectueuse de l’environnement.
Lutter contre la résistance aux antimicrobiens
La résistance aux antimicrobiens constitue une menace importante pour la santé publique, avec près de cinq millions de décès dans le monde qui lui sont attribués chaque année.
L’Organisation mondiale de la santé prévient que sans intervention, le coût économique de la résistance aux antimicrobiens pourrait atteindre le chiffre faramineux de 100 000 milliards de dollars d’ici 2050. Il est donc primordial de développer des solutions durables pour lutter contre cette crise.
Le professeur Paul Hoskisson, chercheur principal à l'Institut Strathclyde de pharmacie et de sciences biomédicales, a souligné l'urgence de la situation : « Il existe un besoin urgent de développer de nouveaux médicaments antimicrobiens pour la clinique et d'améliorer la production d'antimicrobiens existants. Notre approche ouvrira la voie à des processus de fabrication plus écologiques qui ne concurrenceront pas la chaîne alimentaire.
Ingénierie de nouveaux médicaments antimicrobiens
Au cœur du projet se trouve l'utilisation d'approches de biologie technique pour optimiser le métabolisme des bactéries productrices d'antimicrobiens afin d'utiliser les sous-produits alimentaires.
Contrairement aux méthodes actuelles qui reposent sur des matières premières coûteuses de qualité alimentaire, cette approche innovante vise à réutiliser les déchets sans compromettre la production de molécules médicamenteuses vitales.
Applications en expansion
Les implications de cette recherche s’étendent au-delà des médicaments antimicrobiens. Les bactéries Streptomyces, connues pour leur capacité à produire divers composés bénéfiques, pourraient potentiellement produire des médicaments antiparasitaires, anticancéreux, antifongiques et immunosuppresseurs grâce à des processus similaires.
Cette polyvalence promet un large éventail d’applications, contribuant aux progrès dans de multiples domaines de la médecine.
Le professeur Claudio Avignone Rossa, professeur de microbiologie systémique à l'université de Surrey, a déclaré : « La résistance aux antimicrobiens constitue une menace mondiale pour la santé publique. Les agents pathogènes devenus résistants aux antibiotiques peuvent limiter notre capacité à traiter les infections courantes et à administrer d’autres traitements vitaux tels que la chimiothérapie.
« Des médicaments antimicrobiens sont disponibles ; cependant, leur développement et leur production sont coûteux. Il est important que nous réfléchissions de manière innovante et utilisions nos connaissances du métabolisme bactérien pour surmonter ce problème.
En réutilisant les sous-produits alimentaires pour la production de médicaments, les scientifiques créent non seulement un avenir plus durable, mais créent également des médicaments innovants qui peuvent sauver des vies.