Une décision de justice française pourrait avoir un impact sur l’industrie du CBD en Europe

L’interdiction française du cannabidiol dérivé du chanvre (CBD) est contraire au droit européen selon l’avocat général Tanchev, ce qui pourrait avoir un impact important sur l’industrie du CBD en Europe.

Hier, l’avocat général Tanchev a présenté ses conclusions devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) déclarant l’interdiction française du cannabidiol dérivé du chanvre (CBD) contraire au droit de l’UE, ce qui pourrait avoir des implications majeures pour l’industrie du CBD en Europe si la Cour suivait l’avis de l’avocat général.

Actuellement, Antonin Cohen, ancien dirigeant de Kanavape, est poursuivi en France pour avoir vendu des produits de vapotage fabriqués avec du CBD naturel. Le cadre réglementaire français interdit actuellement la commercialisation des produits issus de la plante entière, et donc de tous les produits contenant du CBD, alors que l’utilisation de CBD synthétique (chimiquement identique) est généralement autorisée.

Dans ses conclusions, l’avocat général conclut que : «[EU law] empêcher[s] un État membre d’interdire l’importation d’huile de cannabidiol en provenance d’un autre État membre, lorsque cette huile est extraite de la plante de chanvre entière, et non uniquement de sa fibre et de ses graines, car, dans l’état actuel des connaissances scientifiques, il n’est pas établi que l’huile de cannabidiol a des effets psychotropes.

L’avocat général a en outre plaidé pour une réglementation proportionnée des produits CBD en Europe, moins restrictive pour la libre circulation des marchandises (par exemple via l’établissement d’une teneur maximale en CBD).

Impact sur le marché européen du CBD

Allen & Overy représente Cohen dans la procédure préjudicielle devant la CJUE (Affaire C-663/18).

Eveline Van Keymeulen, responsable des pratiques de réglementation et de cannabis des sciences de la vie d’Allen & Overy, qui assiste Cohen dans la procédure, a déclaré: «Si la Cour suit l’avis de l’avocat général, sa décision aura un impact significatif sur l’industrie du CBD en Europe, qui perd des parts de marché par rapport à d’autres régions telles que les États-Unis et le Canada, en raison d’un cadre juridique fragmenté et inadapté.

« Comme la décision de la Cour créerait un précédent contraignant à portée européenne, elle obligerait non seulement la France à adapter sa législation afin de permettre la commercialisation du CBD extrait de l’ensemble de la plante de chanvre, mais pourrait également contraindre d’autres régulateurs nationaux à (re) examiner les restrictions existantes liées aux produits dérivés du chanvre à la lumière de la libre circulation des marchandises dans l’UE.

« L’avis de l’avocat général est donc une étape cruciale vers une harmonisation réglementaire et une sécurité juridique indispensables pour l’industrie du CBD en Europe. En outre, une réglementation claire et proportionnée des produits à base de CBD profitera en fin de compte aux consommateurs de l’UE.

Les conclusions de l’avocat général sont disponibles en anglais (ici) et en français (ici).

La décision de la Cour devrait être rendue à partir de septembre 2020. Dans la grande majorité des cas, la Cour suit l’avis de l’avocat général.

Manque de clarté

Antonin Cohen, co-directeur de Kanavape, a déclaré : « Lorsque nous avons lancé notre produit en 2014, le CBD était inconnu. Notre objectif a toujours été de commercialiser un produit utile et légal, et nous avons mené une analyse juridique pour valider la conformité du CBD. La durée de ces procédures – plus de cinq ans – et la saisine de la CJUE démontre le manque de clarté de la réglementation actuelle, et la nécessité d’encadrer clairement la production et l’utilisation du CBD en France et en Europe.

« D’un point de vue personnel, cet avis est un vrai soulagement. Il est très difficile de lutter aussi longtemps contre ces contestations judiciaires mais j’ai poursuivi cette démarche car il est indispensable de créer une réglementation claire pour protéger la santé des consommateurs et soutenir la compétitivité des entreprises françaises et européennes dans une industrie mondiale en forte croissance vite. »