Une nouvelle découverte pourrait mener à un traitement efficace contre l’hépatite B

Une équipe de chercheurs de l’Université de Genève a identifié un complexe protéique clé qui pourrait ouvrir la porte à un nouveau traitement contre l’hépatite B.

L’hépatite B est une maladie virale infectieuse grave et courante. La maladie attaque les cellules du foie, provoquant une inflammation transitoire de l’organe. La maladie peut être transmise par des fluides biologiques et se propage généralement par voie sanguine et sexuelle. L’hépatite B chronique peut entraîner de graves complications telles que la cirrhose et le cancer du foie. Il n’existe actuellement aucun traitement efficace contre l’hépatite B pour la forme chronique de la maladie, celle-ci ne peut être prévenue que par la vaccination.

L’hépatite B est la forme d’hépatite la plus courante et est 100 fois plus contagieuse que le VIH. On estime qu’un million de personnes meurent chaque année de cette maladie, ce qui souligne le besoin urgent d’un traitement efficace contre l’hépatite B.

La nouvelle découverte de l’Université de Genève (UNIGE) signifie que les chercheurs comprennent désormais la fonction précise du mécanisme protecteur de la protéine clé, permettant la possibilité de développer un traitement contre l’hépatite B.

Les résultats de la recherche ont été publiés dans la revue Biologie structurale et moléculaire de la nature.

S’appuyer sur des recherches antérieures

En 2016, une équipe de recherche dirigée par Michel Strubin, professeur associé au Département de microbiologie et médecine moléculaire de l’UNIGE, a découvert un mécanisme essentiel à la compréhension de l’hépatite B. Lorsque l’organisme se défend contre le SMC5/6, un ensemble complexe de six protéines, les cellules peuvent détecter et bloquer l’ADN viral. Le virus réagit en produisant une protéine spécifique, connue sous le nom de protéine X. Cette protéine pénètre dans la cellule et dégrade le SMC5/6, provoquant sa désactivation.

La fonction antivirale de SMC5/6 était inconnue avant la découverte du chercheur. Dans une étude plus récente, la UNIGE a travaillé aux côtés de chercheurs de la société pharmaceutique américaine Gilead Sciences pour identifier le processus en trois étapes et les protéines spécifiques nécessaires au SMC5/6 pour jouer avec succès son rôle antiviral.

 »Dans un premier temps, une protéine du complexe SMC5/6 détecte l’ADN du virus et le piège », explique Fabien Abdul, assistant principal de recherche et d’enseignement au Département de microbiologie et médecine moléculaire de la Faculté de médecine de l’UNIGE. et premier auteur de l’étude.

 »Ensuite, une deuxième protéine du complexe – SLF2 – emmène l’ADN piégé du virus dans un sous-compartiment du noyau de la cellule attaquée, appelé le corps PML. Une troisième protéine – Nse2 – entre alors en jeu et inhibe le chromosome du virus. »

« Le SMC étant une grande famille de complexes protéiques, les chercheurs ont également voulu savoir si d’autres « membres » de cette famille étaient capables de se lier à l’ADN viral de l’hépatite B. Nous avons découvert que cette compétence était unique à SMC5/6 », a-t-il expliqué.

Les chercheurs ont obtenu ces résultats en examinant des cultures cellulaires in vitro.  »Nous avons utilisé des techniques de biologie moléculaire et plus spécifiquement des ciseaux génétiques appelés CRISPR-Cas9. Cet outil nous a permis de couper les brins d’ADN au sein des cellules et ainsi supprimer ou modifier le gène codant pour chaque protéine constituant le complexe SMC5/6. Grâce à cette technique, nous avons pu faire disparaître l’une ou l’autre des protéines et ainsi comprendre leurs fonctions respectives au sein du complexe », explique Strubin.

Le développement du traitement de l’hépatite B va bientôt commencer

Ces découvertes ont permis aux chercheurs de mieux comprendre les fonctions antivirales complexes de SMC5/6. L’équipe de recherche espère que cela pourrait mener au développement d’un traitement efficace contre l’hépatite B.

Avant de développer le traitement contre l’hépatite B, les chercheurs devront travailler sur la compréhension de la protéine X. Des chercheurs de l’UNIGE ont mis en évidence l’importance de comprendre le mécanisme de contre-attaque utilisé par le virus de l’hépatite B contre l’activité antivirale du SMC5/6.

« La prochaine étape de la recherche consistera à mieux décrypter le mécanisme d’inhibition du virus dans le sous-compartiment du noyau cellulaire », explique Aurélie Diman, post-doctorante au laboratoire de Strubin.