Mariano Votta, directeur d’Active Citizenship Network, explore la nécessité de soutenir l’accès des patients aux thérapies avancées à travers l’Europe.
Tous les patients éligibles potentiels ont le droit d’accéder aux produits médicaux de thérapies avancées (MTI) et les contraintes budgétaires nationales de la santé ne peuvent pas constituer un obstacle à cela. De nos jours, les systèmes traditionnels de remboursement et de budgétisation sont incapables d’amortir la valeur des ATMP, car les coûts et les avantages ne sont pas alignés. Ces thérapies nécessitent des méthodes de paiement et de comptabilisation nouvelles et différentes, qui tiennent compte des coûts initiaux élevés et des avantages importants et durables dans le temps, tant pour les patients que pour les systèmes de santé nationaux. Il est temps pour un changement de mentalité institutionnelle de classer les dépenses des ATMP comme un investissement et non comme un coût, ce qui nécessitera la révision des classifications économiques/financières des dépenses de santé actuellement en place.
En synthèse, tel est le message adressé aux institutions européennes et des États membres pour tirer parti du potentiel des thérapies innovantes pour de nombreux patients européens, dans le respect des limites budgétaires des soins de santé qui sont une triste réalité dans presque toute l’Europe. De nombreuses thérapies avancées déjà disponibles aujourd’hui comportent des éléments d’investissement forts pour le système de santé, qui doivent être valorisés. Il est impensable que la dernière mise à jour du Système européen des comptes, SEC 2010, ait considéré les dépenses militaires comme des dépenses d’investissement, alors que les MTI, qui peuvent guérir ou transformer l’histoire médicale d’un patient, n’en font toujours pas partie. Atteindre ces résultats demande du courage et une forte conviction de la part des Institutions.
Développée en Italie par un groupe d’experts soutenu par la coalition #VITA – Valeur et innovation des thérapies avancées, la proposition sera présentée le 24 octobre pour la première fois au niveau européen lors de la « Assurer un accès équitable des patients aux thérapies innovantes dans toute l’Europe » un événement. L’événement, organisé par Active Citizenship Network (ACN), la branche européenne de l’ONG italienne Cittadinanzattiva, sera accueilli au Parlement européen à Bruxelles par le député Tomislav Sokol (groupe PPE). Il sera également soutenu par le groupe d’intérêt MEP « Droits des patients européens et soins de santé transfrontaliers » et la coalition #VITA, coordonnée par le cabinet d’avocats mondial LS CUBE.
L’initiative est très opportune; fin août, la première thérapie génique à usage unique qui représente une percée dans le traitement des adultes atteints d’hémophilie A sévère a été approuvée en Europe. Fin septembre, l’Agence européenne des médicaments a lancé une initiative pilote – ouverte aux sponsors académiques et aux organisations à but non lucratif – pour soutenir la traduction des développements de la recherche fondamentale en médicaments qui pourraient faire une différence dans la vie des patients. Plus récemment, parmi les sujets envisagés par l’Innovative Health Initiative (l’UE) partenariat public-privé finançant la recherche et l’innovation en santé) pour inclusion dans les prochains appels à propositions de l’IHI, l’un est consacré au renforcement de l’écosystème européen des MTI et autres modalités thérapeutiques des maladies rares. En résumé, les thérapies avancées deviennent non seulement un espoir mais une réalité de guérison pour les patients souffrant de maladies graves qui n’ont pas encore trouvé de réponse thérapeutique concrète : d’ici 2030, il pourrait y avoir jusqu’à 60 thérapies avancées qui pourraient changer la vie de 350 000 patients dans le monde. La question des MTI est, en tout état de cause, liée aux droits des patients suivants reconnus par la Charte européenne des droits des patients, une étape importante pour ceux qui travaillent dans le plaidoyer pour les soins de santé au niveau national et européen : le droit d’accès des patients aux soins, au traitement personnalisé, à l’innovation et au droit du patient à l’information. Trouver un point d’équilibre est difficile mais nécessaire, et le changement de paradigme demandé aux institutions européennes est dû à tous ces citoyens européens qui croient encore en une Europe capable de donner la priorité aux besoins concrets de ses citoyens.
Le jeu classique du blâme des États membres et l’approche « cloisonnée » entre les DG au sein de la Commission européenne se heurtent aux attentes légitimes de santé et, dans certains cas, de rétablissement. Il y a un nombre toujours croissant de patients européens dont les besoins de santé ne peuvent pas attendre. Pour cette raison, la proposition a été officiellement soutenue par un ad hoc appel à l’action – « La révolution des médicaments des thérapies innovantes et le respect du droit du patient à accéder aux soins » – lancé par Active Citizenship Network et soutenu par une combinaison de 42 organisations civiques et de patients mondiales/européennes/nationales. Dirigée vers les institutions de l’UE, elle exige que les principes énoncés dans la Charte européenne des droits des patients et ceux relatifs à l’accès aux MTI soient respectés.
Le nombre d’ATMP devrait augmenter de manière significative au cours de la prochaine décennie : un scénario encourageant mais tout aussi difficile, compte tenu des coûts élevés et des contraintes budgétaires publiques auxquels sont confrontés plusieurs pays de l’UE. Les défis doivent être relevés aujourd’hui afin de mieux préparer demain.